CR - Farges 19-01-2013
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- Catégorie : Compte-rendu
- Création : samedi 19 janvier 2013 16:05
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Pour le compte-rendu complet du week-end voir celui de Manu. Lire.
Equipe à la manœuvre : Alain, Emilie et Olivier.
Seul Alain connaissait ce « trou » donc il passe en premier et équipe. Arrivé au fond du premier puits oh surprise, le reste est encore équipé, donc nous passons sur l’équipement en place (un maillon rapide serait à changer il est un peu bouffé). Pour ceux qui ne connaissent pas c’est depuis la surface jusqu’à la partie désobée un seul puits muni de plusieurs ressauts (3-4 fractio et 1 déviateur).
Arrivé en bas du puits nouvelle surprise : la bruine en surface fait que ça mouille quand même pas mal au fond. Alain vérifie que tout est stable et passe la tête la première dans un premier boyau. Après quelques mètres il est bloqué par un ravinement de pierres et de glaise qui a partiellement obstrué le passage.
La désob n’est que la seconde partie de notre aventure, nous sommes surtout descendus pour tenter de voir si la fumée générée par des bâtonnets d’encens (le choix des parfums et leur mariage fut très délicat : rose et lotus) pouvait ressortir au fond d'une autre cavité. Le tout grâce à un courant d’air aspirant généré par un ventilateur en surface. Les briquets ont quelques difficultés à s’allumer, il faut donc allumer un bâtonnet avec un autre ça prend un temps fou. Mais une fois une grosse poignée allumée, la désob débute.
Nous nous mettons donc au travail, Emilie rempli dans la meilleur position possible un bidon coupé en deux qu’Alain et moi tirons ensuite pour extraire les déblais. Lorsque le passage est dégagé Alain en tête s’élance dans la suite du méandre et une magnifique partie remplie de glaise liquide dans laquelle – certains plus que d’autres – se sont allègrement vautrés. Le surplus d’eau dans ce boyau plus bas que ses deux extrémités semblait s’évacuer en contrebas par un trou minuscule. Sorti de ce boyau on débouche au bas d’une « cloche » à première vue le simple élargissement d’une diaclase, bien mouillant là aussi, à droite un nouveau boyau démarre et se finit par un pincement qu’il faut passer de profil.
Alain qui a des soucis d’éclairage depuis le début choisit de nous laisser poursuivre seuls. Juste après le pincement on atterrit au bas d’une autre cloche, il y a (de mémoire) au moins deux départs de boyaux impraticables à part pour des souris. La fumée ne partait pas par-là (ils ont l’air comblés de glaise) mais montait sur la paroi de droite à travers un petit méandre en trou de serrure sans aucun doute taillé par le ravinement de l’eau. Quelques contorsions plus tard nous passons tous les deux et oh surprise, un nouveau puits remontant.
J’ai regretté de ne pas avoir gardé mon appareil photo juste pour illustration, ce puits est en forme de poire (évasé en bas) et ses contours ont subi une grosse érosion laissant apparaitre des « lames » de roche, on dirait un lapiaz. En y regardant mieux ce puits est également l’élargissement d’une fracture, de chaque côté (dans le 120 et 280 donc) l’eau s’est frayée un chemin de haut en bas, perçant parfois et ravinant à d’autres endroits. Mais le tout se présente sous la forme d’une fracture légèrement inclinée.
Aidé par Emilie je me suis hissé sur les lames pour escalader les 5 mètres du puits remontant. Le haut du puits butte contre le plafond, à droite dans le 120 il y a un pallier surbaissé sur lequel j’ai pu m’allonger sur un mètre environ. Il est partiellement obstrué par des blocs de roche le plus grand devant faire une quarantaine de centimètres semblant être tombés du haut et les pierres se sont empilées au-dessus colmatant certainement un passage remontant (assez gros pour laisser passer un bloc d’une quarantaine de centimètres) mais quand même serré. Si ça n’avait pas été au-dessus de la tête j’aurais tenté de bouger un bloc ou deux pour voir si on peut rétablir un courant d’air par là mais la pente fait que si les pierres bougent elles vont toutes raviner dans le puits (donc mauvaise idée au final). Plus loin après cette sorte de trémie la fracture verticale semble rejoindre le bas du puits je pouvais voir la lumière à Emilie, mais c’est infranchissable.
La fumée qui passait devant la lampe partait de l’autre côté, dans le 280. Pour se faire une idée, ça ressemble à une fracture élargie qui débute par un petit boyau serré (à passer de profil), assez rectiligne sur autant que ma lampe pouvait éclairer. Son passage serait fatiguant mais faisable s’il n’y avait une « lame » de roche restée au milieu et haute d’une bonne dizaine de centimètres, on la retrouve là où le plafond du boyau disparaît formant à nouveau une vraie fracture. Si on ramène ça avec le pallier de l’autre côté, il semble y avoir un passage au-dessus du toit du puits formé dans une fracture d’axe 120-280 mais l’eau et les ravinements coulaient tous dans le puits escaladé.
Même en élargissant ce boyau que la fumée paraissait emprunter le passage semble être serré sur une bonne distance. Malgré tout je pense que ça vaut la peine de faire en sorte de pouvoir jeter un œil dedans avant de décider d’abandonner ou pas. Alain a d’ailleurs suggéré d’apporter une fumée plus épaisse dans le puits pour s’assurer de son chemin préalablement à toute décision.
D’un autre côté quand on regarde le chemin emprunté par l’eau qui a raviné des deux côtés de la faille, ciselant ce puits, découpant des passages ça et là et creusant le mini méandre à l’entrée du puits, elle a certainement terminé dans le puits d’avant et dû s’évacuer par là, peut-être faudrait-il mieux comprendre ce puits qui comme on l’a vu plus haut a au moins deux départs de petits boyaux. Le pincement du boyau qui y mène a peut-être même été creusé par cette eau là ce qui renverrait alors vers le puits encore précédent et le boyau boueux qui semblait être plus bas que le reste mais dont l’eau s’évacuait (suivre le courant d’air ou l’eau ???).
Pour en revenir à la ballade, une fois Emilie formée sur le tas à la topo par Alain (c'est-à-dire qu’il lui a juste donné le matériel…), elle est revenue me rejoindre et elle a mesuré l’orientation des galeries et les distances, pour pouvoir donner quelques informations à nos amis de Corrèze. Retour à travers les boyaux animés par la glaise qui recouvrait tous les instruments les rendant difficilement lisibles, puis la perte du Tandem Suunto dans la glaise liquide. Heureusement Emilie s’en est rendue compte peu de temps après et y est retournée, nageant dedans sa main s’est prise dans le cordon ramenant l’instrument à la surface – ouf –.
En bas du premier puits, pendant la mise du matériel personnel petite concertation : « - Ah oui mais il faut déséquiper ? – Non, l’autre groupe va descendre. – Oui c’est vrai. » Remontée sans aucune difficulté, Alain nous avait même gentiment remit le ventilo histoire de comprendre ce que ressent un poisson pané sorti du freezer.
Séance de déshabillage et là c’est le drame. « - Vous n’avez pas décroché la corde au fond du premier puits ? – Non l’autre groupe va y aller… » L’heure a passé plus vite que prévu et finalement le second groupe (qui était dans l'autre cavité) ne descendra pas et nous serons puni de sortie ailleurs, sniff. Pas de souci, on repasse le matos et go détacher la corde en bas.
Au final, c’était sympa et marrant, mais il faudra éviter de retourner à Farges quand il pleut ou a plu récemment. Perso je suis motivé pour refaire une topo au fil (quand ça sera sec) si besoin depuis la surface (à moins que ça ait déjà été fait) pour savoir exactement où nous nous trouvons en haut de la petite escalade réalisée et si les puits sont sur une même fracture ou pas. Ca donnerait aussi une idée de la profondeur et de la distance par rapport au bout de l'autre cavité.
Olivier.
Relecture : Emilie.
Une idée pour tester le passage du courant d’air vers l'autre cavité : compte-tenu de l’actualité récente, on pourrait peut-être parfumer au mercaptan (méthanéthiol pour les intimes). Un truc qui pète à Rouen et qui pue à Paris, ça doit pouvoir nous convenir.
Alain